Les 2, 3 et 4 octobre s’est tenue à Bogota la deuxième rencontre du Réseau des Radios Universitaires d’Amérique Latine et des Caraïbes (RRULAC), à laquelle je me suis rendu pour représenter la CRGE. Aux nombreuses radios d’Amérique Latine et des Caraïbes s’ajoutaient également Rob Quicke, qui est à l’origine du World College Radio Day, Tiziana Cavallo, du réseau italien RadUni, Cinta Espino, directrice d’UniRadio Huelva, Alexandra Pineda, chroniqueuse à RFi, et Sergio Acosta de Radio Nederland.
Très majoritairement, les radios sud-américaines sont fort institutionnalisées – contrairement à la plupart des radios membres de la CRGE. Les inconvénients et avantages entre le lien institutionnel et l’initiative étudiante sont discutables et relatifs, mais subsiste un bénéfice qu’apporte une supervision institutionnelle : la plus grande pérennité des radios étudiantes à travers des attentes, de la reconnaissance et du soutien de la part des établissements, ainsi qu’à travers une facilitation et un approfondissement de l’implication du media étudiant dans la vie de campus. C’est en ceci que j’entrevois une action complémentaire de la CRGE : afin de simplifier le développement des radios étudiantes, il faut élaborer des structures argumentatives que les responsables pourront présenter à la direction de leur école pour obtenir un soutien financier, logistique et publicitaire au moment de la création de la radio ou pour en assurer la croissance future.
Au cours de ces journées riches en entretiens, je me suis par ailleurs défait d’une vision naïve de la radio étudiante simplement comme lieu de rencontre de condisciples et comme opportunité de s’essayer au travail journalistique. J’ai vu, avec une certaine émotion, comment les radios étudiantes sud-américaines, déterminées dans leur engagement local, discutaient les questions politiques et offraient aux opprimés la voix que les injustices, souvent cruelles, leur avaient interdite. J’ai alors compris que la radio étudiante, à travers ses moyens de diffusion et de réception simples et bon marché, grâce à la culture de la confrontation non-violente et respectueuse dans le dialogue d’idées contraires et la capacité de déconstruction de préjuges acquises avec l’enseignement et la recherche, pouvait être le media contemporain des Lumières en offrant un forum aux peuples qui l’avaient peut-être oublié dans l’individualisme et la technocratie. Il me semble désormais important de montrer aux radios membres de la CRGE qu’elles peuvent s’engager de façon particulièrement efficace et différenciée dans la réflexion politique.
Enfin, être présent à ces journées de rencontre, de « convergence » telles qu’elles s’intitulent, m’a empli d’une énergie renouvelée que j’appliquerai à la réalisation des projets qui transformeront, j’en suis convaincu, les radios étudiantes en ce que les jeunes générations ont de plus beau et plus novateur à proposer.
Robin Buchholz, Président de la CRGE